Vocatus atque non vocatus deus aderit
Vocatus atque non vocatus deus aderit
Dans la grotte Chauvet, au cœur d’une vaste salle, un crâne d’ourse a été posé sur un gros bloc de pierre ; la face sommitale du bloc, légèrement concave, ressemble à la forme d’une embrasure gothique ; le crâne de la jeune femelle a été déposé sur un axe central, à la pointe de l’arc brisé. Sous un certain angle, le bloc de pierre évoque une proue dont la figure serait le crâne
…
« C’est peut-être un enfant qui l’a déposé en jouant… » lance ironiquement Jean Clottes au journaliste du magazine Science et Vie qui l’interroge sur le sujet. Et il ajoute : « En dépit de la présence supplémentaire de 52 crânes sur le sol, rien ne permet encore d’affirmer un quelconque culte de l’ours. » De fait, rien à ce jour ne nous permet d’expliquer avec certitude les intentions de ceux, adultes ou enfants, qui ont laissé trace de leur passage dans la grotte en déposant un crâne d’ourse sur un gros caillou
…
Sans doute ne sera-t-il jamais possible de comprendre, mais nous pouvons toujours entendre, laisser sonner le motif, afin de déceler si ses harmoniques résonnent encore dans le monde, désormais plus vieux de 32.000 ans
…
Un son, une infinité d’harmoniques : la musique, comme l’histoire, est art du temps
…
Le motif est composé de quatre notes : la caverne, la pierre, le crâne et l’ours. Les quatre notes sont en orbite autour d’une cinquième, la note polaire. En appoggiature, ajoutons l’autel à la pierre, la tête au crâne et lançons allègrement une recherche plus poétique que scientifique.
Vade retro, Academicus !
...
Question : Est-il possible de trouver variations, échos, résurgences du motif à cinq notes dans les rêves d’occidentaux contemporains, en l’occurrence deux ‘’intellectuels’’ qui n’ont jamais chassé l’ours et qui ne passent pas leurs nuits dans des cavernes en quête de visions ?
Le préjugé universel contre les rêves
est le symptôme
d’une grave sous-estimation de l’âme humaine
Prélude
Extraits de Psychologie et alchimie C.G. Jung, Éditions Buchet/Chastel
Deux rêves d’un physicien allemand.
Autour d’un centre obscur, il y a des courbes tracées par de la lumière.
Puis le rêveur se promène dans une caverne obscure où se déroule un combat entre le bien et le mal
Le rêveur tombe dans les profondeurs. Au fond se trouve un ours
dont les yeux brillent alternativement de quatre couleurs : rouge, jaune, vert et bleu.
En fait, l’ours a quatre yeux qui se transforment en quatre lumières.
Il disparaît et le rêveur passe par un long couloir obscur.
De la lumière brille au bout
...
Les développements inouïs de la science et de la technique
s’accompagnent en même temps
d’un terrible manque de sagesse et d’introspection.
… le but, c’est le centre…
Années 9O du XXe siècle, extraits des carnets de rêves d’un musicien
Le rêveur voit une cible formée de cercles concentriques de couleur alternativement rouge et blanche. La cible est très proche. Le rêveur tire à l’arc et touche le centre d’une seule flèche. Aussitôt, l’arc se transforme en violon et une musique magnifique résonne
comme si elle sortait toute seule du violon
Le rêveur tente d’échapper à plusieurs ours qui vivent en liberté près de son hameau natal
Le rêveur approche d’un carrefour, mais deux ours très agressifs lui interdisent l’accès au centre.
Le rêveur possède une tête d’homme dans un sachet plastique.
La tête est vivante et a des mains à la place des oreilles.
Tous les efforts du rêveur pour la tuer restent infructueux.
Il apporte la tête dans la cour, à l’arrière de la maison de ses parents.
Avec du fil de fer, son père enserre fermement la tête dans le sachet.
Le paquet carré est ficelé en double croix, mais la tête le déchire avec ses doigts et se met à avancer en prenant appui sur les coins du paquet.
Le rêveur retrouve les ossements de sa grand-mère paternelle et de sa grand-mère maternelle. Il contemple longuement leurs crânes
Le rêveur maîtrise deux chevaux en fuite
...
Ensuite, il est en compagnie de deux ourses énormes.
Aucune peur.
Elle se couchent avec lui dans un lit immense.
Dans l’esprit d’une fugue
D’après G. Knenosontof, Les chamanes de Sibérie et leur tradition orale, Éditions Albin Michel
Deux témoignages en écho
Magany, 17 février 1925, Kapiton Pavlov, 45 ans
Chaque chamane doit avoir sa mère-animal, son animal originel. Le plus souvent, c’est un élan, plus rarement un ours.
Cet animal mène une vie complètement indépendante du chamane.
C’est le feu de sa vision qui voyage dans le monde, c’est-à-dire l’incarnation de son don prophétique
…
Cours moyen du Viliouïsk, 5 mars 1925, Prokopi Popov
À sa mort, on coupe la tête du chamane, qu’on range sur une étagère de la yourte et qui paraît-il, reste bien vivante. On dépèce le corps comme une carcasse de boucherie.
Puis les morceaux sont enfilés sur des broches, neuf broches pour un grand chamane, trois pour un petit
…
En imitations
De l’autre côté de l’Atlantique
1917, extraits d’une cérémonie ‘’hunka’’ d’après Walker
Hunka : parent, ancêtre
Le chamane porte une coiffe de peau tannée à laquelle sont attachées des cornes de bison
Dans le tipi cérémoniel, sur l’autel, se trouvait une pierre et un crâne de bison.
Le chamane et tous les participants à la cérémonie font quatre fois le tour de l’autel en chantant ;
à la fin, le chamane dit :
Nous avons fait le tour du monde.
Il s’adresse alors au crâne sacré, l’appelant ‘’Hunka’’ de bison sacré.
Puis le chamane raconte qu’Esprit-Ours, Hunonpa Wakan
lui a parlé et lui a remis un fétiche pour le futur ‘’Hunka’’, le sioux qui est à l’initiative de la cérémonie par sa demande de devenir le Hunka, le parent, d’un adulte plus âgé que lui.
Suit un rituel, où le chamane et le futur ‘’hunka’’ fument avec l’esprit du bison, puis avec l’esprit du rocher, et enfin avec l’esprit de la Grand-mère Terre.
Un aide peigne le crâne et la pierre avec du rouge
Suit un partage de nourriture entre tous les participants
Le chamane range les instruments du culte en laissant la pierre et le crâne en place
...
D’après Lame Deer (1972) traduction anglaise de Tahca Ushte (1977)
Reprise et corrigée par D. Vazeilles dans Chamanes et visionnaires
Éditions du Rocher 1996
Au moment où j’ai renoncé au peyotl, j’ai compris ce qu’était la vraie vision.
La vision véritable doit venir de vos propres entrailles.
Ce n’est pas un rêve, c’est quelques chose de très réel.
Vous êtes tout éveillé et une personne se tient à vos côtés
et vous savez pertinemment bien qu’elle ne peut être là
…
Vous ne rêvez pas, vos yeux sont ouverts.
Pour atteindre ce but, il faut faire le vide dans son esprit
...
Les puissances et les forces sont toujours là.
Nous ne pouvons et nous n’avons pas besoin de les créer.
C.G. Jung, Psychologie et religion.
Couplet
Retour sur le continent eurasiatique
D’après la Genèse, chapitres XXVII à XXIX, éditions Gallimard, 1956
Jacob dit à sa mère :
Voici qu’Esaü, mon frère, est un homme velu et moi je suis un homme glabre
Isaac dit à Jacob :
Sers-moi et que je mange du gibier de mon fils, afin que mon âme le bénisse.
Jacob atteignit un certain lieu et y passa la nuit.
Il prit une des pierres du lieu, la mit à son chevet et se coucha en ce lieu.
Il eut un songe et voici qu’une échelle était dressée par terre, sa tête touchant les cieux.
Et voici que des anges montaient et descendaient sur elle.
Il eut peur et se dit :
« Que ce lieu est terrible ! Il est la maison du Seigneur et la porte des cieux. »
Puis Jacob se leva de bon matin, prit la pierre qu’il avait mise à son chevet, la plaça en stèle et versa de l’huile au sommet. Il appela ce lieu du nom de Bethel, mais auparavant le nom de la ville était Louz.
Variations
Genèse, chapitre XXXI
Laban, étymologiquement ‘’blanc’’
Laban dit à Jacob : « Maintenant, concluons une alliance, toi et moi, et qu’il y ait un témoin entre moi et toi ! » Jacob prit une pierre et l’érigea en stèle.
Puis Jacob dit à ses frères :
« Ramassez des pierres ! »
Ils prirent des pierres et en firent un monceau. Ils mangèrent là sur le monceau
...
Au Nord de la Mer Noire
En Ukraine, à Anetovka, il y a 20.000 ans
Extraits d’un article de Michel Seferiades dans la revue Archeologia, n°370 septembre 2000
« Au sud, se trouve une structure circulaire constituée de mandibules de bison colorées à l’ocre rouge et un mètre plus au nord, séparé par quatre omoplates, un crâne de bison également teinté en rouge. Trois autres crânes colorés se rencontrent à l’est et au sud-est.
À cinq mètres au sud-est, trois autres crânes de bison ocrés sont disposés en arc de cercle.
Enfin, à neuf mètres au nord-ouest, gît un dernier crâne, intensément coloré, entouré de fragments d’os et de silex. »
…
« Autre découverte étonnante : il s’agit cette fois du crâne d’une jeune femme de quinze à dix-sept ans, enfoui dans une brèche et indissolublement lié aux crânes et ossements de bison. »
À mes yeux, la découverte d’un crâne d’ourse déposé sur une pierre évoquant un autel au centre d’une salle de la grotte Chauvet résonne fortement avec les découvertes archéologiques des steppes orientales.
Punctum cordis
Silence de la valeur d’une blanche et d’une noire
Grotte Chauvet : figure anthropomorphe à tête de bison et image féminine
Aria
Une voix s’élève, féminine, savante et musicienne.
Elle vient du Moyen-âge
Quatre têtes, de léopard, de loup, de lion et d’ours apparaissent dans les quatre contrées qui sont les demeures des vents au quatre coins de l’univers ; l’homme est au sein de la roue : la tête en haut et les pieds vers le bas touchent le cercle et le bout des doigts de ses deux mains se tendent dans la direction du même cercle ;
la tête levée et les pieds bien calés, il peut mouvoir les éléments d’en haut comme ceux d’en bas ; les œuvres de ses deux mains pénètrent le tout parce qu’il a, par l’énergie de l’homme intérieur, la possibilité de mettre ce pouvoir en action
...
Tout ce que j’ai écrit
…
à propos de mes premières visions
je l’ai vécu en pleine conscience
dans un parfait éveil de mon corps.
…
Je ne me trouvais absolument pas dans un état de léthargie.
Il ne s’agissait pas non plus d’un transport de l’esprit.
Je ne transcrivais rien que je n’eusse emprunté, en témoignage d’authenticité, à l’univers des perceptions de l’homme. »
D’après Le livre des œuvres divines, Hildegarde de Bingen, éditions Albin Michel, 1982.
Refrain
À Delphes, en langues indo-européennes
D’après M.J. Loth, L’Omphalos chez les Celtes, dans la Revue des Études anciennes
Juillet-septembre 1915
Le mot grec « omphalos » signifie « ombilic », mais aussi tout ce qui est « centre » et particulièrement le moyeu d’une roue. En sanscrit, le mot « nâhbi » a le même sens.
En allemand, « moyeu » se dit « Nabe » et « ombilic », « Nabel ».
En anglais « nave » et « navel » ont respectivement le même sens, le dernier signifiant également « centre, milieu ».
En gallois, le mot « naf » signifie « chef », qui en passant par le latin « caput », nous invite à ne pas trop nous prendre la tête
…
Car après tout, l’omphalos de Delphes n’était qu’une pierre en forme de pilier,
bonjour Jacob,
pierre à côté de laquelle la pythie rendait les oracles.
Nous comprenons aisément pourquoi la dite pierre était considérée comme la demeure de la divinité,
la « maison de dieu ».
Mais à propos, c’est quoi dieu ?
...
Monsieur le professeur Carl Gustav Jung a accepté, en exclusivité, de répondre à notre question.
« Qu’est-ce que dieu ? Une « idée » qui dans tous les pays du monde, dans tous les temps et toujours à nouveau s’est imposée à l’humanité sous une forme analogue : celle d’une force à laquelle on est livré, qui fait naître comme elle tue, images des nécessités inévitables de la vie. Psychologiquement parlant, l’image de dieu est un complexe représentatif de nature archétypique, représentant une certaine somme d’énergie, apparaissant sous forme de projection. Les religions que nous connaissons tirent leur forme de l’image paternelle, les religions plus anciennes de l’image maternelle, mais en outre, se rencontrez également le caractère animal, le thériomorphe, sous une forme très développée.
Les adoratrices de la déesse ourse Artemis s’appelait « arctoï », c’est-à-dire : ours. »
« La religion est le fait de prendre en compte avec conscience et attention, ce que Rudolf Otto a fort heureusement appelé le « numinosum », c’est-à-dire un effet dynamique, qui ne trouve pas sa cause arbitraire dans la volonté. Au contraire, l’effet saisit et domine le sujet humain qui est toujours bien plus sa victime que son créateur. »
…
« Les diverses religions sont les formes codifiées et dogmatisées d’expériences d’origine religieuse. Les contenus de l’expérience initiale y ont été sanctifiés et en règle générale, figés en un édifice mental rigide et souvent compliqué. La pratique et la répétition de l’expérience primordiale se sont transformés en rituel et parfois en une institution immuable, ce qui ne signifie pas nécessairement pétrification sans vie.
Au contraire, de la sorte peut avoir pris
naissance, pour des siècles et pour d’innombrables hommes, la forme de leurs expériences religieuses, sans qu’apparaisse une nécessité vitale de les changer. »
« On pourrait même définir l’expérience religieuse comme l’expérience à laquelle la plus haute valeur est attribuée, quels qu’en soient les contenus. »
D’après C.G. Jung, Métamorphoses de l’âme et de ses symboles et Psychologie et religion, Éditions Buchet/Chastel, 1958.
Merci, monsieur le professeur.
Nous avons fait le tour.
Mais à présent, il faut viser le cœur du sujet, reprendre la boussole, invention de l’Empire du Milieu, et nous laisser tranquillement attirer vers le Nord, là où règne l’ours blanc, le grand blanc, celui qui n’a pas d’ombre
...
En notation carrée
Récitatif
En route vers le pôle !
Un rêve sera notre laisser-passer.
Le rêveur voit quatre petits drapeaux en forme de triangles équilatéraux, coupés en deux par leurs sommets qui pointent alternativement vers le haut et vers le bas.
Cette image évoque clairement les motifs vulvaires dessinés sur les parois des grottes préhistoriques. Il faut associer deux couleurs à chaque triangle et les colorier. Finalement, les quatre drapeaux s’assemblent pour former un carré divisé en huit par une double croix.
Le rêveur se pose la question : « Où placer le blanc ? »
« Les histoires des anciens sont comme des rêves. »
Davidialuk (…- 1976)
Chez les Eskimos qui vivent dans la partie occidentale de l’Arctique, l’angakoq était appelé « elik », « celui qui a des yeux ». L’aspirant chaman devait dire à son instructeur :
« Je viens vers toi car je désire voir.»
L’équipement du chaman se réduit à un petit collier pour suspendre les amulettes et une sorte de couvre-chef en forme de tête d’ours ou de corbeau.
Le mot angakoq dérive du mot « anga », qui signifie « oncle maternel », ou, plus généralement, « celui qui commande le respect ».
Des signes qu’une personne pouvait devenir angakoq pouvaient apparaître
dans des rêves éveillés.
…
L’angakoq est suspendu entre deux mondes. Quand son esprit prend son envol, le chamane laisse son squelette derrière lui, ce qui signifie qu’il est mort au monde des humains.
« Les hommes et les animaux se ressemblent beaucoup. »
Aua à Rasmussen
Alors Aua raconta l’histoire d’un ours qu’il avait observé :
L’ours chassait le morse comme un être humain, il rampait et se mettait à couvert jusqu’à ce qu’il soit à portée de l’animal qu’il chassait
…
Alors, il lança un énorme bloc de glace qui assomma sa proie
…
L’ours est le plus humain de tous les animaux
...
Sur la terre et dans la mer, celui qui n’a pas d’ombre est le plus puissant des alliés spirituels.
Les esprits-alliés du chaman, l’ours et le morse, l’assistent dans son dangereux voyage vers l’autre monde
…
Pauta explique qu’un ours chamanique se reconnaît à son cou mince et court, le seul signe qu’il lui reste de son identité humaine
…
L’âme, « inua », de l’angakoq quitte son corps sous la forme d’un esprit-ours
…
Le jeune conteur Netsit racontait l’histoire de deux chasseurs : un des deux avait tué un ours et l’autre un loup. Ils commencèrent à se dipsuter pour savoir quel était l’animal qui avait le plus de poils. Pour mettre un terme à la dispute, ils décidèrent d’arracher les poils un par un. Cela leur prit tant de temps que les deux chasseurs moururent de faim.
« Nous ne croyons pas, nous n’expliquons rien. »
Aua à Rasmussen
Extraits de The Inuit Imagination, H. Seidelman et J. Turner,
Ed. Thames and Hudson, New York, 1994.
Ne raisonne pas trop
Résonne
Rien à expliquer
Ordre impliqué
R.D
Coda
Plaisanterie musicale
Ursus et Homo étaient liés d’une amitié étroite. Ursus était un homme. Homo était un loup. L’homme s’était probablement choisi lui-même son nom ; ayant trouvé Ursus bon pour lui, il avait trouvé Homo bon pour la bête. Ursus pérorait, Homo approuvait.
« Surtout ne dégénère pas en homme », lui disait son ami.
Ursus vivait dans une cahute assez longue et assez large pour qu’il pût s’y coucher sur un coffre. Il était propriétaire d’une lanterne, de plusieurs perruques et de quelques ustensiles parmi lesquels des instruments de musique.
Il possédait en outre une peau d’ours dont il se couvrait les jours de grande performance ;
il appelait cela se mettre en costume.
Il disait : « J’ai deux peaux ; voici la vraie.»
Et il montrait la peau d’ours.
La cahute à roues était à lui et au loup. Ce qui lui déplaisait dans cette cahute, c’est qu’elle ressemblait à une maison. Il eût atteint son Idéal s’il eût pu mettre une caverne sur quatre roues, et voyager dans un antre. Les passants pouvaient, par le trou de la lucarne de l’arrière, lire au plafond de la cahute cette enseigne, écrite à l’intérieur, mais visible du dehors, et charbonnée en grosses lettres :
URSUS PHILOSOPHE
...
Pas la peine d’en faire un fromage
Heureusement, Ursus n’était jamais allé dans les Pays-Bas. On l’y eût certainement voulu peser pour savoir s’il avait le poids normal au-delà ou en deçà duquel un homme est sorcier.
Ce poids en Hollande était sagement fixé par la loi. Rien n’était plus simple et plus ingénieux.
C’était une vérification.
On vous mettait dans un plateau, et l’évidence éclatait si vous rompiez l’équilibre ;
trop lourd, vous étiez pendu ; trop léger, vous étiez brûlé.
On peut voir encore aujourd’hui, à Oudewater, la balance à peser les sorciers,
Mais elle sert maintenant à peser les fromages, tant la religion a dégénéré !
Ursus eût certainement eu maille à partir avec cette balance.
Dans ses voyages, il s’abstint de la Hollande
…
Extraits de L’homme qui rit, Victor Hugo, Éditions Flammarion, Paris, 1982.
Paroles magiques
Les chants des chamanes viennent des temps anciens
Quand l’homme et l’animal parlaient le même langage.
Les oreilles agrandies sont le signe de la transformation chamanique.
Elles représentent la sensibilité de l’angakoq à tout ce qui l’entoure.
À demain raison
Adieu prison
Salut horizon
Bonjour
Présence
R.D
Notice bibliographique
Revue Historia, n°631 Juillet 1999, Les dix plus belles grottes ornées de France, Pascal Picq.
Beaux-Arts n°210 Novembre 2001, L’art du grand nord, B. Goffroy-Schneiter.
Revue Archeologia n°336 Juillet 1997, Les chamanes de la préhistoire, Jean Clottes.
Revue Science et Vie, édition spéciale, 1994, La grotte de la Combe d’Arc, Paris
The Inuit Imagination, éditions Thames and Hudson, New York, 1994, Harold Seidelman et James Turner.
Ce dernier est l’auteur des photos 2,4,5,6,11,12. J’ai volontairement omis explications et commentaires à l’exception de la photo 12 dont la sculpture a pour titre Paroles magiques, anonyme, ca.1970, Spence Bay.
Les photos représentent des sculptures réalisées par des Inuits entre 1970 et 1990 environ.
Les paroles d’Aua à Rasmussen et celles qui concernent les chamanes esquimaux proviennent également de ce livre et ont été traduites de l’anglais par mes soins.
La photo de couverture a été prise au Museet for Religios Kunst à Lemwig.
Elle nous montre une sculpture en ivoire de baleine qui s’’intitule AdamPivât Ajumnaaq, ‘’Esprit dangereux’’. Elle porte le copyright Henrik Wickman.
La photo 9 nous montre un détail de la croix celtique de Muiredach en Irlande.
Copyright Berzeau-Zodiaque.
L’oracle antique
Vocatus atque non vocatus deux aderit
se traduit
Appelé ou pas, dieu sera présent.
Carl Gustav Jung l’a sculpté sur une pierre à l’entrée de sa maison à Küssnacht (Suisse).
Que savons-nous de la vraie nature d’une simple pensée ?
RIEN
Roland Dormans
2004
(revu et corrigé en 2025)
Postscriptum :
Cet article est factuellement un devoir d’école. Pour diverses raisons, j’ai repris des études à l’université de Liège en octobre 2004. J’avais 30 ans de plus que la plupart des étudiants et ce petit devoir nous avait été demandé par le professeur de préhistoire, une sommité dans son domaine… En l’écrivant, j’avais parfaitement conscience que je m’écartais considérablement du cadre scientifique forgé dans l’acier de la raison discursive : si le subjectif entre dans le jeu, adieu objectif fantasmé… mais c’est la voie pour métamorphoser savoir poussiéreux en connaissance vivante…
J’aurais pu craindre que le professeur ne sanctionnât purement et simplement cette humble tentative par un beau zéro. Bien au contraire…
Vous avez lu à peu de choses près l’article de 2004. Seul le premier paragraphe a été entièrement remis en forme. L’exhortation : Vade retro, Academicus a été ajoutée en 2025. Alors, je n’aurais pas osé… et je ne me serais pas permis.
Les rêves du musicien contemporain sont extraits de mes propres carnets de rêves et les deux brefs poèmes attribués ironiquement en 2004 à un anonyme poète du XXe siècle sont de ma main.
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